RENCONTRE avec Bruno Roche
Diacre dans notre doyenné

DIACRE POUR QUOI FAIRE ?

Voilà aujourd'hui un phénomène nouveau et étonnant de notre Eglise: le développement du diaconat permanent.

A ce jour environ 45 diacres ont été ordonnés dans notre diocèse, et chaque année on compte plus de nouveaux diacres que de nouveaux prêtres.
Pourtant ce n'est pas pour pallier le manque de prêtres , ni même offrir une "prime" au meilleur laïc, ni encore mettre en place un test grandeur nature en vue de l'ordination presbytérale d'hommes mariés que le ministère du diaconat a été rétabli par le concile de Vatican II.
Non, l'Eglise par le biais du diaconat nous montre tout simplement une Eglise en tenue de service à la suite du Christ serviteur, une Eglise soucieuse des plus pauvres et des incroyants, une Eglise qui se doit d'aller là où elle est peu présente institutionnellement.
C'est au regard de cet aspect que j'ai été appelé comme la presque totalité de mes frères diacres, à réfléchir à une démarche éventuelle en vue du diaconat; et comme eux la première question qui m'est venue aux lèvres est "pourquoi moi, il y en a tellement d'autres qui feraient mieux. Et puis je suis marié, j'ai quatre enfants, un travail qui me prend beaucoup, des engagements en couple, et toutes sortes d'autres raisons".


Puis avec l'aide de l'Esprit Saint nous avons décidé en couple de nous laisser conduire dans cette aventure qui nous dépasse, mais qui au cours des cinq années qui ont précédé mon ordination s'est précisée petit à petit .
"C'est moi qui vous ai choisi" nous dit le Seigneur; autrement dit accepter de devenir diacre c'est se trouver au carrefour de trois libertés: celle du Christ qui appelle, celle de l'Eglise qui exprime une mission et celle de l'interpelé qui peu à peu va découvrir sa vocation. C'est pourquoi est très vite constituée une équipe d'accompagnement avec des personnes représentant les engagements associatifs, professionnels, les lieux de vie, et l'Eglise elle même dont le rôle est principalement de discerner, d'interpeler et d'aider à la réflexion.


Aujourd'hui la mission qui m'a été confiée comme diacre, est d'être signe visible de l'Eglise servante dans le milieu dans lequel je vis, c'est être porteur et de rendre audible la Parole que Dieu a à dire aux hommes que je rencontre, dans mon milieu de travail principalement. De par mon ordination ce n'est plus en mon propre nom que je parle mais au nom de l'Eglise. Comme diacre je participe dorénavant à la triple diaconie de l'Eglise que sont la charité, la parole et la liturgie.
Mais pour être signe faut-il encore avoir quelque chose à signifier. Dans ce sens il est indispensable de préserver un temps de prière , de méditation ; être diacre c'est essayer d'être signe de la tendresse de Dieu , signe du service, en étant présent auprès de ceux que la vie a blessés; c'est être aussi veilleur de ce qu'ils nous révèlent de Dieu.


Puis c'est au cours de l'Eucharistie que le diacre annonce la Parole en proclamant l'Evangile, et en prononçant l'homélie il lui est demandé d'interpeler toute la communauté en faisant le lien avec ce qu'il a vécu auprès de tous ceux qui sont absents. En se tenant debout près de l'autel, il rappelle à toute la communauté rassemblée que si lui a été ordonné pour le service, c'est à dire consacré pour devenir Christ serviteur, tous les membres présents sont également appelés à ce même service. En rétablissant le diaconat, le Concile invite l'Eglise à vivre sa vocation: "le Fils de l'homme est venu pour servir et non pour être servi" (Mt20,28).
Si durant l'Eucharistie l'assemblée regarde le Christ à travers le prêtre, elle regarde le Christ serviteur à travers le diacre.
Au delà de cette présence du Christ serviteur dans mes différents lieux de vie, ma lettre de mission me demande également "de soutenir les efforts et la réflexion de tous ceux qui en Action Catholique des Milieux Indépendants, essaient de faire le lien entre leur vie professionnelle et la Parole de Dieu dans l'Eglise".
Enfin au niveau local, je suis associé comme ministre de la Parole et des sacrements à la préparation des baptêmes et mariages, à l'accompagnement des parents dont les enfants vivent l'année de l'éveil à la foi.
Alors diacre pour quoi faire ? le risque serait de répondre en citant un certain nombre d'actions qui en elles-mêmes seraient insuffisantes et pourraient dénaturer le vrai sens du diaconat; non, être diacre ce n'est pas faire quelque chose de systématique, mais être signe et présence du Christ serviteur.
Voilà comment, comme diacre, je réalise que les actes posés, les paroles prononcées engagent plus que moi même ; c'est une expérience qui peut parfois être éprouvante car elle fait prendre conscience qu'il peut y avoir inadéquation entre ma personne et ce dont je dois être le signe. En même temps, cette expérience est enthousiasmante car elle me donne le bonheur d'expérimenter avec l'aide de l'Esprit Saint, comment le Seigneur se sert de moi, même avec mes défauts, pour être instrument de son Eglise.
Aujourd'hui je suis un diacre heureux grâce à l'accueil chaleureux que les prêtres du doyenné m'ont réservé en m'insérant dans leur équipe; de mon côté j'essaie, autant que faire se peut, d'assumer ma responsabilité comme assistance fraternelle pour eux.
Je suis un diacre heureux grâce au regard de mon entourage familial et amical qui n'a pas changé mais qui au contraire s'est renouvelé dans l'affection et l'amour.
Je suis un diacre heureux grâce à la manière dont se sont tissées de nouvelles relations que ce soit dans ma vie professionnelle, dans notre doyenné ou ailleurs.
Alors diacre pour quoi faire ? Pour être plutôt que faire.

Bruno ROCHE
Diacre

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