DIACRE POUR
QUOI FAIRE ?
Voilà aujourd'hui un phénomène
nouveau et étonnant de notre Eglise: le développement
du diaconat permanent.
A ce jour environ 45 diacres ont
été ordonnés dans notre diocèse,
et chaque année on compte plus de nouveaux diacres que
de nouveaux prêtres.
Pourtant ce n'est pas pour pallier le manque de prêtres
, ni même offrir une "prime" au meilleur laïc,
ni encore mettre en place un test grandeur nature en vue de l'ordination
presbytérale d'hommes mariés que le ministère
du diaconat a été rétabli par le concile
de Vatican II.
Non, l'Eglise par le biais du diaconat nous montre tout simplement
une Eglise en tenue de service à la suite du Christ serviteur,
une Eglise soucieuse des plus pauvres et des incroyants, une
Eglise qui se doit d'aller là où elle est peu présente
institutionnellement.
C'est au regard de cet aspect que j'ai été appelé
comme la presque totalité de mes frères diacres,
à réfléchir à une démarche
éventuelle en vue du diaconat; et comme eux la première
question qui m'est venue aux lèvres est "pourquoi
moi, il y en a tellement d'autres qui feraient mieux. Et puis
je suis marié, j'ai quatre enfants, un travail qui me
prend beaucoup, des engagements en couple, et toutes sortes d'autres
raisons".
Puis avec l'aide de l'Esprit Saint nous avons décidé
en couple de nous laisser conduire dans cette aventure qui nous
dépasse, mais qui au cours des cinq années qui
ont précédé mon ordination s'est précisée
petit à petit .
"C'est moi qui vous ai choisi" nous dit le Seigneur;
autrement dit accepter de devenir diacre c'est se trouver au
carrefour de trois libertés: celle du Christ qui appelle,
celle de l'Eglise qui exprime une mission et celle de l'interpelé
qui peu à peu va découvrir sa vocation. C'est pourquoi
est très vite constituée une équipe d'accompagnement
avec des personnes représentant les engagements associatifs,
professionnels, les lieux de vie, et l'Eglise elle même
dont le rôle est principalement de discerner, d'interpeler
et d'aider à la réflexion.
Aujourd'hui la mission qui m'a été confiée
comme diacre, est d'être signe visible de l'Eglise servante
dans le milieu dans lequel je vis, c'est être porteur et
de rendre audible la Parole que Dieu a à dire aux hommes
que je rencontre, dans mon milieu de travail principalement.
De par mon ordination ce n'est plus en mon propre nom que je
parle mais au nom de l'Eglise. Comme diacre je participe dorénavant
à la triple diaconie de l'Eglise que sont la charité,
la parole et la liturgie.
Mais pour être signe faut-il encore avoir quelque chose
à signifier. Dans ce sens il est indispensable de préserver
un temps de prière , de méditation ; être
diacre c'est essayer d'être signe de la tendresse de Dieu
, signe du service, en étant présent auprès
de ceux que la vie a blessés; c'est être aussi veilleur
de ce qu'ils nous révèlent de Dieu.
Puis c'est au cours de l'Eucharistie que le diacre annonce la
Parole en proclamant l'Evangile, et en prononçant l'homélie
il lui est demandé d'interpeler toute la communauté
en faisant le lien avec ce qu'il a vécu auprès
de tous ceux qui sont absents. En se tenant debout près
de l'autel, il rappelle à toute la communauté rassemblée
que si lui a été ordonné pour le service,
c'est à dire consacré pour devenir Christ serviteur,
tous les membres présents sont également appelés
à ce même service. En rétablissant le diaconat,
le Concile invite l'Eglise à vivre sa vocation: "le
Fils de l'homme est venu pour servir et non pour être servi"
(Mt20,28).
Si durant l'Eucharistie l'assemblée regarde le Christ
à travers le prêtre, elle regarde le Christ serviteur
à travers le diacre.
Au delà de cette présence du Christ serviteur dans
mes différents lieux de vie, ma lettre de mission me demande
également "de soutenir les efforts et la réflexion
de tous ceux qui en Action Catholique des Milieux Indépendants,
essaient de faire le lien entre leur vie professionnelle et la
Parole de Dieu dans l'Eglise".
Enfin au niveau local, je suis associé comme ministre
de la Parole et des sacrements à la préparation
des baptêmes et mariages, à l'accompagnement des
parents dont les enfants vivent l'année de l'éveil
à la foi.
Alors diacre pour quoi faire ? le risque serait de répondre
en citant un certain nombre d'actions qui en elles-mêmes
seraient insuffisantes et pourraient dénaturer le vrai
sens du diaconat; non, être diacre ce n'est pas faire quelque
chose de systématique, mais être signe et présence
du Christ serviteur.
Voilà comment, comme diacre, je réalise que les
actes posés, les paroles prononcées engagent plus
que moi même ; c'est une expérience qui peut parfois
être éprouvante car elle fait prendre conscience
qu'il peut y avoir inadéquation entre ma personne et ce
dont je dois être le signe. En même temps, cette
expérience est enthousiasmante car elle me donne le bonheur
d'expérimenter avec l'aide de l'Esprit Saint, comment
le Seigneur se sert de moi, même avec mes défauts,
pour être instrument de son Eglise.
Aujourd'hui je suis un diacre heureux grâce à l'accueil
chaleureux que les prêtres du doyenné m'ont réservé
en m'insérant dans leur équipe; de mon côté
j'essaie, autant que faire se peut, d'assumer ma responsabilité
comme assistance fraternelle pour eux.
Je suis un diacre heureux grâce au regard de mon entourage
familial et amical qui n'a pas changé mais qui au contraire
s'est renouvelé dans l'affection et l'amour.
Je suis un diacre heureux grâce à la manière
dont se sont tissées de nouvelles relations que ce soit
dans ma vie professionnelle, dans notre doyenné ou ailleurs.
Alors diacre pour quoi faire ? Pour être plutôt que
faire.
Bruno ROCHE
Diacre
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